Par Alberto Lombardo |
Quand Julius Evola décéda, le 11 juin 1974, ses livres étaient lus par une grande partie de la jeunesse de la droite radicale italienne.
La pensée traditionaliste d’Evola, depuis les années de l’immédiate après seconde guerre mondiale, avait été un point de référence pour tout ceux qui n’acceptaient pas la décadence et la destruction spirituelle tant de ce pays que du monde entier. Comme chacun le sait, et comme Evola l’a écrit à de nombreuses reprises, non seulement les pays vaincus perdirent des parts de leur territoire national, de leur prestige et de leur autorité internationale, mais toutes les nations européennes perdirent en peu d’années leurs dominions et leurs empires coloniaux. Cela au profit de deux blocs, l’un occidental et l’autre oriental, le monde de Las Vegas, Coca Cola et Hollywood et l’empire communiste.
Ainsi, quand, en 1948, Evola revint à Rome, après de longs séjours dans des hôpitaux autrichiens et italiens, il fut contacté par un groupe de jeunes hommes « qui ne s’étaient pas abandonnés à la démission ambiante ». Parmi eux on remarquait : Clemente Graziani, Fausto Gianfranceschi, Roberto Melchionda, GA Spadaro, Enzo Erra, Paolo Andriani, Rutilo Sermonti et Pino Rauti qui relata en ses termes sa découverte d’Evola : « Nous ne le connaissions pas. A l’époque du régime fasciste, il avait peu d’audience, bien que les articles qu’il écrivait pour Diorama aient été, à mon sens, fondamentaux. Mais nous ignorions tout de la vie culturelle du fascisme. (…) Nous découvrîmes Evola durant un de nos nombreux séjours en prison. Nous lûmes Révolte contre le monde moderne qui eut pour nous une importance décisive ».
Avec tous ces jeunes hommes Evola entra dans une relation importante. Pour eux, qui furent durant les années à venir au centre de nombreuses initiatives politiques et culturelles, il écrivit ses principaux essais politiques. Il s’agissait de la jeune droite intellectuelle, proche du Mouvement social italien et surtout d’Ordre nouveau. Evola alla jusqu’à écrire plus tard : « Ordre nouveau adopta totalement mes idées ». Ces jeunes conservèrent une relation préférentielles avec Evola jusqu’à son décès.
Dans les années qui suivirent, apparurent parmi les visiteurs d’Evola dans son appartement de la via Vittorio Emanuele, Mario Merlino, Gianfranco de Turris, Gaspare Cannizzo, Renato del Ponte et Adriano Romualdi qui fut le premier biographe du maître.
De nombreux universitaires et écrivains de la droite radicale furent inspirés, en Italie, par la pensée évolienne. Mais il fut un penseur seul au centre d’un désert, Adriano Romualdi a écrit : « Evola constitua un point de référence obligé pour les jeunes hommes qui, entre 1948 et 1968, se formaient eux-mêmes dans le désert qu’était la culture de la droite radicale. C’est dans ce paysage désolé qu’Evola se dressait avec sa logique et son style cristallin ».
Après la mort d’Evola, ses livres continuèrent à circuler dans la mouvance nationale-radicale en Italie et surtout dans le courant traditionaliste. Parfois ses lecteurs étaient liés à un mouvement politique mais ce n’était pas toujours le cas. Même quand ce l’était, ils avaient leur approche propre de la politique. Bien que parfois, la lecture d’Evola puisse être une voie pour quitter la politique, ce n’était guère fréquent, contrairement à ce qu’a pu écrire Marco Tarchi qui a décrit les livres du maître comme constituant un « mythe incapacitant ».
De nos jours, il y a de nombreux centre culturels, politique, éditoriaux et traditionalistes en Italie que l’on peut relier à la pensée évolienne. On ne peux tous les citer, mais on se doit de le faire pour les plus importants. Il y a tout d’abord la Fondazione Julius Evola qui fut crée après le décès du baron. C’est une structure culturelle, sans rien de politique, et son seul objet est de publier des livres de et sur Evola et d’organiser des conférences sur sa pensée. Son président est Gianfranco de Turris. Depuis 1998, la fondation publie une revue annuelle dont le titre est Studi Evoliani. La fondation a son siège à Rome dans les locaux de la société d’édition et de librairie Europa.
Quand Evola était encore en vie, Renato del Ponte fonda un Centro Studi Evoliani qui tissa de nombreux liens à travers le monde. Bien que le noyau italien soit disparu, certains de ses appendices à l’étranger existent toujours (par exemple en Argentine). Renato del Ponte publie un magazine nommé Arthos qui se veut d’une certaine manière le gardien de l’orthodoxie évolienne.
Un autre centre de stricte orthodoxie, très actif et doté de nombreux membres, est Raido dont le siège est à Rome et qui publie un bulletin homonyme. Lié à Raido est le groupe sicilien Il Cinabro qui possède une librairie et qui publie un trimestriel appelé Heliodromos.
Un autre journal sicilien très important est Via della Tradizione. C’est un trimestriel dirigé depuis 1971 par Gaspare Cannizzo et c’est le symbole de la rencontre des courants traditionalistes nés de la pensée d’Evola : païens et catholiques, musulmans et gnostiques, romain et nordique, etc.
Il existe aussi le journal Algiza – que je dirige depuis 1995 – et qui est l’organe du Centro Studi La Runa, une association traditionaliste qui a son siège près de Gène dans l’Italie du Nord. Parmi les autres publications, je dois signaler aussi Avalon, publié par Il Cerchio une autre librairie traditionaliste d’orientation évolo-catholique.
Il existe encore une très importante maison d’édition de droite radicale, les Edizioni di Ar, fondée il y a plus de trente ans par Franco Freda. On signalera aussi All’insegna del Veltro dirigée à Parme par le professeur Mutti et les Edizioni Barbarossa qui dépendent de la librairie de Milan, La Bottega del fantastico, et qui publient un mensuel national-révolutionnaire du nom d’Orion.
Alberto Lombardo