Julius Evola |
Extrait du livre : «Le Mythe du sang» (1942)
Dans ce qui précède, nous avons été confrontés souvent à des idées antisémites. Ces idées, dans les formes contemporaines du racisme, ont pris un caractère toujours plus précis, donnant même lieu à un équivoque : selon certains, le racisme et l'antisémitisme ne feraient qu'un, et il suffirait donc de n'être ni juif ni de couleur pour appartenir à la race «aryenne». Bien que des formes peu réfléchies de racisme aient entretenu pareille confusion, il faut soutenir que l'antisémitisme, et en particulier l'antijudaïsme, sont des aspects subordonnés à la théorie de la race : ils tirent d'elle leurs principes, mais ne s'identifient certainement pas à elle.
Nous nous proposons ici d'éclaircir les points de vue principaux de la question hébraïque et de la polémique qui lui est relative. Nous nous rapporterons aux opinions de certains antisémites étrangers mais nous ferons valoir les points de vue de l'antijudaïsme italien, surtout du courant de Giovanni Preziosi et de sa revue La Vita italiana, puisque de tels points de vue offrent souvent un caractère complet.
Faisons d'abord allusion à la question juive d'un point de vue ethnique et à proprement parler racial. Selon le racisme, les Juifs ne constituent pas une race au sens propre, mais un peuple de métis (Fritsch, Günther). Les Sémites auxquels les Juifs appartiennent sont considérés déjà par Gobineau comme des métis dérivés d'un croisement entre la race blanche et la race noire. On tend à y voir un mélange entre la race désertique (ou orientaloïde) et la race levantine (ou arménoïde) : dans le cas précis des Juifs, ce mélange serait compliqué d'autres composants raciaux, variables selon les lignées, de race soit ancienne, soit encore existante (race méditerranéenne et race alpine). Du reste, déjà la Bible parlait des sept peuples qui auraient contribué à la formation du sang et de la «semence» juive, en mettant de coté les influences chamitiques (égyptiennes) et philistines ... A l'époque de la Diaspora (dispersion) et du dernier prophétisme, d'autres éléments résiduels de la décadence ethnique et spirituelle méditerranéenne se coagulèrent au judaïsme.
Si Israël n'est pas une race mais un mélange de races, on se demandera à quoi il doit son indiscutable unité, comment il a tiré d'un pareil mélange un type clairement reconnaissable, lequel a eu la force de résister à travers les siècles aux conditions les plus défavorables, et chez qui la solidarité et la fidélité au sang sont tellement vives, que le peuple juif se présente comme l'un des peuples les plus racistes de l'histoire.
La raison d'une telle unité ne doit pas être cherchée dans la race au sens strict, mais dans la force formatrice exercée par une idée et une tradition. C'est un Juif, James Darmesteter, qui a écrit «Le Juif a été formé, pour ne pas dire fabriqué, par ses livres et ses rites. Comme Adam est issu de Jéhovah, il est issu des mains de ses rabbins». C'est la Loi, la Torah, qui a créé le type juif et l'unité juive : cette loi pour les Juifs se substitue à la patrie, à la terre, à la nation, au sang lui-même; cette loi a survécu à un mélange racial originel, chaotique et détritique, lui a imposé une forme, a élaboré les instincts et les attitudes d'un type spécial, qui à travers les siècles, allait devenir héréditaire.
Il a été dit, à travers les siècles, comment les antisémites ont relevé l'erreur de ceux qui croient qu'après l'Ancien Testament et à l'arrivée du christianisme, l'influence de la loi juive ait été, pour ainsi dire, neutralisée et presque arrêtée. C'est l'opposé qui est vrai. L'ancienne loi, la Torah, déjà complétée par la Misnah (répétition, la loi répétée), c'est-à-dire par une tradition diverse, d'abord orale puis, vers le 3ème siècle, fixée par écrit, a trouvé son développement dans la littérature rabbinique recueillie dans le Gemara, qui signifie l'accomplissement et qu'on appelle communément le Talmud, et aussi dans les développements propres à la Kabbale et les formulations du Schulchan Arukh. Tout ceci doit être compris comme un tout, et comme une continuité parfaite à travers les siècles, avant et après le christianisme, jusqu'à nos jours. En outre, les formulations post-chrétiennes, talmudiques, de la loi juive, sont celles qui ont le plus renforcé et caractérisé la façon d'être et l'instinct juif, surtout dans leurs rapports avec les non-Juifs.
Le front aryen et raciste considère le judaïsme comme une force destructrice pour toute race ou culture. Examinons les éléments qui justifient cette idée et, plus précisément, les voies par lesquelles se manifestent les caractères effectivement destructeurs du judaïsme. Le point de vue prédominant dans l'antisémitisme est que, de même que la force germinative d'une graine ne se développe que quand elle se casse et agit alors sur la matière environnante, ainsi le judaïsme n'aurait commencé à avoir une influence délétère qu'avec la crise de l'ancienne tradition nationale juive, avec l'écroulement politique et la dispersion de par le monde du peuple élu.
Comme premier élément, on doit considérer les influences que devraient exercer les éléments ethniques chaotiques et impurs déjà tirés de la loi, au moment où ils se délient et passent à l'état libre. Guénon a relevé justement que les rapports entre le Juif et sa tradition diffèrent de ceux observés dans les autres races. Pour le non-Juif qui se détache de sa tradition comme loi religieuse, il existe encore d'autres formes de soutiens : la terre, le sang et la patrie. Mais dans le Judaïsme, la loi tient lieu de tout cela à la fois. Au point que si les Juifs s'en délient, elle devient automatiquement un facteur de dissolution. C'est ainsi que, eux-mêmes sans race, les Juifs deviennent alors l'anti-race; eux-mêmes sans nation, ils deviennent l'anti-nation. Mommsen écrivait : «Déjà dans le monde antique, le judaïsme fut un ferment de cosmopolitisme et de décomposition nationale». Substance insaisissable, fuyante et sans patrie à l'intérieur de toute patrie, Wolf voit dans l'élément hébraïque le principe même de l'anti-race, de l'anti-tradition, de l'anti-culture : non pas l'antithèse d'une culture particulière, mais l'antithèse de toute culture racialement et nationalement déterminée. Dans le composé juif, la part désertique ou orientaloïde renforce cette influence : par leur esprit nomade, apatride, les Juifs auraient injecté dans différents peuples -- en commençant par les Romains -- le virus de l'anti-nationalisme, de l'universalisme, de l'internationalisme culturel. Ils exercent une action incessante de corrosion contre tout ce qui est différencié, qualitatif, lié au sang et à la tradition : ceci aboutit, en politique, à l'idéologie maçonnique, judaïsante, avec pour corollaire les mythes humanitaires sociaux et internationalistes.
Second élément, les influences destructrices du judaïsme tiennent aussi à la part qu'occupe en Israël la race de l'homme levantin et la psychologie décrite par Günther et surtout par Clauss, qui en fait «l'homme de la rédemption». Cet homme est caractérisé par le dualisme du corps et de l'esprit. Le corps n'est plus que l'expression instrumentalisée de l'esprit, mais entendu comme «chair», comme une matière coupable dont il faut se racheter. Cet élan confus vers la «rédemption» peut échouer : alors l'homme, retombant, se noie dans la matière, il en jouit et se saoule, comme pour oublier sa nature, et ensuite il tend à contaminer tout ce vers quoi il tendait, toutes ces valeurs supérieures qu'il n'a pu rejoindre. Il jouit de toutes les crises où il voit se refléter sa propre crise intérieure. Il prend plaisir partout où s'exprime l'omnipotence de cette matérialité crasse et oblique dans laquelle il est retombé. Il s'en sert comme d'un alibi, comme d'une justification. C'est ainsi que l'élément hébraïque, comme nous le verrons d'un peu plus près, s'est toujours manifesté à travers une action, consciente ou inconsciente, de contamination et de dégradation de toute valeur supérieure.
On doit considérer, comme troisième point, l'efficience particulière qu'ont eue les causes fondamentales de cette loi sur la formation des instincts et des comportements de vase, aboutissant à la forme séculaire, matérialiste et mécanique d'agir de ces instincts chez les Juifs persécutés de la Diaspora. Comme on le sait, le thème central de l'ancienne loi est qu'Israël est le «peuple élu», destiné à dominer tous les hommes, toutes les terres et les richesses du monde, de telle sorte que tous les royaumes devront lui obéir. Ce sont les thèmes du mosaïsme : «Yahvé te mettra à la tête, et non à la queue; tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas» (Deutéronome, 28, 13). «Tu dévoreras tous les peuples que Yahvé ton Dieu te livrera; ton oeil sera sans pitié pour eux, et tu ne servira point leurs dieux» (Deutéronome, 7, 16). Ce sont aussi des thèmes de la littérature prophétique : «Et le règne, la domination et la grandeur des royaumes qui sont sous tous les cieux seront donnés au peuple des saints du Très-Haut : son règne est un règne éternel, et toutes les puissances le serviront et lui obéiront» (Daniel, 7, 27). «Les fils de l'étranger rebâtiront tes murailles, et leurs rois seront tes serviteurs» (Isaïe, 60, 10). «Mais vous, on vous appellera prêtres de Yahvé; on vous nommera 'ministres de notre Dieu'; vous mangerez les richesses des nations, et vous vous parerez de leur magnificence» (Isaïe, 61, 6).
Qu'on pense aux sentiments que devait fatalement inspirer à Israël cette certitude de la domination universelle au moment où il cessa d'exister comme puissance politique. Qu'on pense à ce peuple qui continua, après le triomphe du christianisme, à se sentir «élu», et fut identifié au dernier des peuples, à une lignée maudite et déicide digne de toutes les persécutions, condamnée à la servitude, par une juste punition. Le potentiel généré par cette idée de la loi devait fatalement se traduire par une haine profonde et sans limite pour tous les non-juifs et se concrétiser par une pratique pour ainsi dire, serpentine. C'est ce que montre le développement ultérieur, talmudique, de l'ancienne loi. Voici quelques passages talmudiques, rappelés à juste titre par les Preziosi et De Vries de Heekelingen : «Que signifie Har Sinaï? Il s'agit du mont à partir duquel a irradié Sina, c'est-à-dire la haine contre les peuples du monde». «Vous, Juifs, vous êtes appelés hommes, alors que les nations du monde ne méritent pas le nom d'hommes, mais de bestiaux». «La semence d'un goy (non-Juif) est comme la semence d'un animal.» «Le meilleur parmi les goyim, tu dois le tuer». «Fais-le mourir en lui serrant les mâchoires pour qu'il ne crie pas». «Qu'est-ce qu'une prostituée? Toute femme qui n'est pas juive.» Et ainsi de suite. Les expressions contenues dans une prière, que tout Juif orthodoxe devait réciter journellement, dans le Shemoné Esré, sont : «Que les apostats perdent tout espoir, que les Nazaréens et les chrétiens périssent sous les coups, qu'ils soient rayés du livre de la vie et ne soient pas comptés parmi les justes».
A l'époque moderne, la justification religieuse de ces sentiments est moins claire, bien que l'efficience en ait survécu en termes d'instinct, d'aptitude innée. Et on peut en dire autant aujourd'hui, de la conviction originelle selon laquelle entre Israël et les autres peuples il n'existe rien de commun. D'où l'absurdité de vouloir adopter les mêmes critères de conduite avec les Juifs et les Gentils, ces derniers étant des êtres inférieurs qui n'ont droit qu'à être exploités comme du bétail. Les préceptes talmudiques sont clairs : ils établissent deux morales, l'une qui s'applique au prochain, c'est-à-dire aux Juifs, et l'autre qui sert dans les rapports avec les goyim, les non-Juifs; Et toute action délictueuse ou indigne selon la première morale cesse de l'être pour la seconde. C'est ainsi que le Talmud et le Schulchan Arukh autorisent à voler le non-Juif; du prêt usuraire ils font non seulement un droit, mais presque un devoir; ils prescrivent de ne pas témoigner ou de faire un faux témoignage lors d'un procès opposant un Juif et un non-Juif; ils considèrent que «le patrimoine et les biens des non-Juifs doivent être considérés sans propriétaire et que le premier arrivé a des droits sur eux»; ils précisent seulement que si plusieurs Juifs procèdent à une tromperie, ils sont seulement tenus d'en partager équitablement le fruit; ils exhortent à prêter de l'argent, mais refusent d'en emprunter; ils ne respectent pas la parole donnée, et ainsi de suite. La polémique antisémite a recueilli toute une série de maximes de ce genre, avec l'indication de leur origine et de leur caractère orthodoxe. D'ailleurs, si on lit aussi dans le Talmud «qu'un goy qui étudie le Talmud et un Juif qui l'aide, doivent être mis à mort»; s'il est précisé que «communiquer quoi que ce soit de notre loi à un goy, équivaut à un massacre de tous les Juifs, puisque si les goyim savaient ce que nous enseignons à leur égard, ils nous auraient sans aucun doute exterminés»; si on lit de telles phrases, on a la confirmation précise de la pleine conscience que les Juifs avaient de la double morale contenue dans leurs textes orthodoxes.
Mais ici, on objecte d'habitude qu'il s'agit de textes anciens, pratiquement tombés en désuétude. C'est une erreur. Comme nous l'avons dit, pendant des siècles ces idées, ces préceptes ont agi de façon formelle dans l'intimité de la conscience juive : ils ont laissé leur trace indélébile. De la volonté de domination, de la haine et enfin de la double morale talmudique, on aura perdu la justification première, religieuse et messianique : mais on aura pas perdu l'ensemble des instincts, des comportements qui, sur un plan sécularisé et pratique, se manifestent simplement comme une manière d'être, comme une qualité héréditaire de la race, ayant pour ainsi dire son existence autonome. Voilà pourquoi l'élément religieux ne prend aucune part au problème juif, que pourtant le racisme moderne a voulu lui imposer. Dühring a eu raison d'écrire : «La question juive existerait même si tous les Juifs avaient abandonné leur religion pour rejoindre nos Eglises dominantes». Telle est bien la vision de l'antisémitisme moderne, concordante avec celle de la plupart des Juifs et discordante, en revanche, avec celle de l'ancien antisémitisme d'origine catholique. «Un Japonais ou un Noir converti ou baptisé reste japonais ou noir. Ainsi un juif baptisé reste juif [...] Convertis de bonne foi ou non, les Juifs baptisés restent juifs, à se sentir juifs et à être considérés comme juifs par leur anciens coreligionnaires» (De Vries de Heekelingen).
Dans un texte talmudique, on lit : «Partout où les Juifs s'établissent, ils doivent devenir les patrons; et tant qu'ils n'auront pas le pouvoir absolu, ils se considéreront comme des exilés, des prisonniers ... tant qu'ils ne dominent pas entièrement, ils ne doivent pas cesser de crier : Quel tourment! quelle indignité!» Il s'agit, là encore, d'un thème de la Loi, dérivé de l'ancienne Promesse qui, une fois oubliée la justification religieuse, devait laisser comme trace un instinct révolutionnaire agissant par lui-même comme ferment d'agitation et de subversion continuelle. C'est ainsi que les Juifs furent largement représentés dans tous les mouvements subversifs révolutionnaires modernes, sans exception, et particulièrement dans le communisme et le socialisme dont les principaux représentants sont juifs, Karl Marx, Lassalle, Rosa Luxemburg, Kautsky, Trotsky ... Quant à la structure de l'Etat à détruire, elle importe peu : «Dans une monarchie, les Juifs sont républicains; dans une république conservatrice, ils seront socialistes; dans une république socialiste, ils seront communistes. Tout ceci revient au même pourvu qu'ils détruisent l'Etat existant. Ils s'opposeront à la société en place tant qu'elle conservera un reste de base non-juive». A nouveau, c'est un instinct qui subsiste comme un héritage, ayant pour origine lointaine et inconsciente l'idée que tout système qui ne remplit pas encore la promesse de domination dévolue au peuple élu est un système injuste, illégitime et usurpé.
Dans le judaïsme moderne, l'envers de la médaille révolutionnaire est le capitalisme et la finance internationale. On doit se souvenir que le «règne» de la Promesse juive ne fut pas conçu en termes mystiques et surnaturels, mais comme celui qui aura recueilli toutes les richesses de la terre. «Ton Dieu te veut riche» et «tu prêteras de l'argent à de nombreux peuples mais tu n'emprunteras à personne» sont déjà des maximes bibliques; si l'on y ajoute l'inclination des peuples sémitiques (en particulier ceux du désert) à considérer la richesse comme essentiellement vagabonde, on rendra compte peu à peu, avec le matérialisme et la sécularisation, d'inclinations épousant les formes typiquement juives de capitalisme, pour en arriver à l'omnipotence d'une économie sans esprit et d'une finance sans patrie : dans ces formes actuelles, s'exprime l'ancienne volonté de puissance juive, soit directement, soit en vue de la destruction et de l'avilissement des valeurs que cette omnipotence porte en elle. Des traits pareillement juifs -- selon Halfeld -- seraient la déification de l'argent, la transformation du temple en banque, la glorification puritaine du succès et du gain, l'impresario un peu prédicateur, l'homme d'affaires et l'usurier n'ayant que le mot Dieu à la bouche, l'idéologie humanitaire et pacifiste au service du matérialisme ... On rappellera volontiers l'affirmation de Sombart selon qui l'Amérique est un pays juif jusque dans ses moindres recoins et l'américanisme, un «esprit juif distillé»; ou celle de Günther, selon qui les représentants de cet esprit sont majoritairement juifs; ou bien celle de Wolf, pour qui le lien étroit entre Anglo-saxons et Francs-maçons sous l'influence des Juifs expliquerait l'histoire occidentale de ce temps. Du reste, Karl Marx lui-même n'écrivait-il pas : «Quel est le principe terrestre du judaïsme? Le sens pratique, l'utilité propre. Quel est son dieu terrestre? L'Argent. Le Juif s'est émancipé hébraïquement en s'appropriant le pouvoir de l'argent, mais aussi en réussissant à faire de l'argent une puissance mondiale. Ainsi, l'esprit utilitaire juif est devenu l'esprit utilitaire des peuples chrétiens. Les Juifs se sont émancipés en judaïsant les chrétiens. Le Dieu des Juifs s'est sécularisé et est devenu le dieu de la terre. Le taux de change est le vrai dieu des Juifs».
A la puissance de l'or fait écho, dans l'action du judaïsme contemporain, la puissance de l'intelligence au service de la révolution. Nous faisons ici allusion au ferment de subversion qui ne se limite plus au champ social, mais agit sur le plan spirituel et culturel sous les formes les plus variées, trouvant sa source dans l'inclination de «l'homme de la rédemption» incarné. Il est incontestable que, dans le domaine de la culture, de la littérature, des arts et même de la science, les contributions juives, directes ou indirectes, convergent toujours vers un même effet : falsifier, ridiculiser, montrer sous un jour injuste et illusoire tous les idéaux des peuples aryens, en poussant au premier plan tout ce qui se cache de sensuel, d'inférieur et d'animal dans la nature humaine. Souiller tout ce qui est sacré, faire vaciller les certitudes sur leur socle, inspirer un effroi spirituel de nature à encourager les forces les plus viles, ainsi se manifeste l'action juive, action par ailleurs essentiellement instinctive, naturelle, procédant de l'essence, de la «race interne», comme il est propre au feu de brûler et à l'acide de corroder. Le relativisme d'Einstein, qui a poussé le profane à croire que la science allait confirmer l'impossibilité de tout point de référence, alors que d'un autre coté il donnait la dernière main à un type concret de découverte physique, y substituant un système purement formel de données mathématiques et algébriques; Bergson, avec sa théorie qui exalte la vie dans son immédiateté, son irréductibilité aux certitudes intellectuelles, son devenir incoercible, son antithèse par rapport au monde classique de l'être; Freud, Adler et d'autres psychanalystes juifs, qui ont découvert l'univers trouble de l'inconscient et qui ont voulu démontrer son omnipotence -- faite d'instincts ataviques sauvages, de libido primordiale et des fameux «complexes» -- sur toute faculté ou inclination du «moi» en veille; l'école sociologique juive, qui s'est mise à interpréter les religions et les mythologies non plus sur la base d'un élément transcendant, mais seulement comme de pures créations sociales et donc purement humaines; le Juif Lombroso qui, non content d'établir des relations aberrantes entre le génie et l'anormal, considère le délinquant comme le descendant résiduel et encore pur d'une «race», qui serait exactement la race dont nous serions issus; Max Nordau, résolu à démasquer «les mensonges conventionnels de notre culture» comme un certain nombre de romanciers juifs, à commencer par Wassermann, qui se sont spécialisés dans la découverte des injustices et des inadaptations des idées-bases de la société moderne; le matérialisme historique de Karl Marx qui nous présente comme seule force créatrice de l'histoire, le processus économique brut, donnant au reste la valeur d'une pure superstructure (d'où ce jugement de Franck : «La doctrine marxiste ne correspond pas à la réalité, mais à l'esprit et au besoin du judaïsme, lequel ne considère que les problèmes de matérialité et d'argent et se moque de tout idéal et de toute forme spirituelle. C'est une forme niveleuse lancée contre toute valeur de race et de sang»). L'action des soi-disant spécialistes de la question sexuelle, en grande partie juifs, à commencer par le célèbre Magnus Hirschfeld, résolus à faire de l'éros une vraie obsession et à attirer l'attention, au moyen de publications pseudo-scientifiques et de divagations, sur toutes les formes anormales et dégénérées de la sexualité; la «découverte» de la mentalité des «primitifs» par Levy-Bruhl et Durkheim, à laquelle fait pendant l'action d'une nombreuse troupe de Juifs dans le domaine de l'art moderne, où c'est à nouveau l'informel, le primitivisme, le sensualisme qui ont le dessus -- et ainsi de suite, voilà les exemples précis et qu'on pourrait multiplier, d'une action aux mille visages mais ayant un seul effet : dégrader, subvertir, désagréger. C'est la «Schadenfreude» : la jouissance de l'avilissement, du gâchis, de la souillure, du sensualisme, ouvrant la porte à la part souterraine de l'âme humaine, afin qu'elle se déchaîne et soit satisfaite. La Schadenfreude est caractéristique de l'âme judaïco-levantine, l'âme de «l'homme de la rédemption».
Les antisémites extrémistes tendent à considérer comme volontaire cette convergence d'effets. Le point de vue dominant et plus sage est, cependant, qu'il ne s'agit pas en la matière, d'une intention précise ni d'un plan établi, mais justement d'un instinct, d'une manière d'être naturelle et spontanée. La convergence se réalise par syntonie, par affinité d'instinct et d'inspiration. A l'égard de ces Juifs, on ne peut même pas parler d'une vraie responsabilité : le Juif ne peut s'en empêcher, comme l'acide ne peut faire autrement que de corroder. C'est sa façon d'être, déterminée par les causes ataviques et raciales évoquées. Donc, il faudrait moins le haïr que prendre les mesures pour en limiter et neutraliser l'action -- pour qu'il ne puisse pas nuire.
L'antisémitisme voit en outre persister, sous des formes modernisées, l'ancienne solidarité juive cimentée par la double morale, au point que la communauté juive, nous dit Fritsch, a moins les caractéristiques d'une communauté religieuse que ceux d'une conjuration sociale : et les Etats aryens, ignorant cette double morale et ne se défendant pas, concèdent inconsidérément aux Juifs des droits égaux comme s'ils respectaient leur morale, se posent virtuellement en position d'infériorité, remettant leur destin aux mains du peuple qu'ils avaient accueilli, aux mains d'une race étrangère, internationale et antinationale. Conscients de cela, il faut réagir par deux voies : l'une morale, l'autre politique. Il ne faut lier aucun rapport entre les Aryens et une «race privée du sentiment d'honneur et de loyauté», et agissant par deux voies principales : la tromperie et l'argent. Le concept social aryen serait : «L'homme sincère et conscient place son orgueil dans une vie méritoire d'action loyale et de production droite. Il préfère mourir plutôt que d'obtenir des avantages par des actions déshonorantes. L'idée rigoureuse de l'honneur et de la justice sans condition envers les autres hommes constitue le fondement de toute vie héroïque et prend racine dans un élément profond de l'âme : dans le sentiment de honte. Un peuple qui renonce au sentiment d'honneur et de honte est indigne d'une qualification humaine : c'est une sous- humanité (Fritsch). Il est donc absurde -- conclut-il -- de prétendre établir des lois égales pour les Juifs et les Aryens. Des mesures prophylactiques défensives s'imposent. Donner entière liberté aux Juifs signifierait qu'ils se jouent de nous. Et c'est pour cela que l'idéologie libérale, individualiste et démocratique a eu, à juste titre, les Juifs comme défenseurs fervents».
D'où le passage à l'action politique et aux mesures que les Etats [nationalistes], acceptant les thèses de l'antijudaïsme, ont adoptées pour écarter les éléments juifs des postes de commande de la vie politique, économique et intellectuelle, accaparés en masse ces derniers temps. La polémique antisémite a permis de mettre en lumière que dans le commerce, le trafic, dans les postes de direction ou indépendants, l'élément juif était effectivement prédominant, alors qu'il diminuait dans les postes subalternes, parmi les ouvriers, les agriculteurs, où le pourcentage de Juifs devenait presque négligeable comparé au nombre de non-Juifs. En tout cela, l'antisémitisme a noté un phénomène de parasitisme non exempt de liens avec l'instinct juif héréditaire les poussant à «sucer le lait des gens, et à téter les mamelles des rois», à «dévorer les peuples que Dieu lui aura livrés», selon les anciennes expressions de la Loi. Les Juifs ne fabriquent pas, ne produisent pas, mais spéculent et trafiquent sur ce que les autres font et s'enrichissent à leurs frais et dominent. Les Juifs visent directement les occupations intellectuelles et les postes de direction, et ainsi haut placés, peuvent exercer une activité souvent suspecte et corruptrice, laissant aux autres, aux Aryens, les formes inférieures de travail.
De là, donc, les mesures politiques tendant à bannir les Juifs des charges publiques et à en limiter la représentation dans chacune des professions. Le Manuel de la question juive, écrit par Fritsch, conclut par ces mots révélateurs : «Les Juifs sont dangereux non seulement économiquement, mais aussi spirituellement et moralement. Par la loi rabbinique, le Juif est lié à un Etat particulier, qui comprend tous les Juifs du monde. Il lui est donc impossible d'être sincèrement membre d'un autre Etat. Chaque peuple qui tient à sa liberté et à son honneur et entend se défendre face à toute tentative d'affaiblissement de son droit et à toute dégénérescence morale, ne pourra à l'avenir tolérer de Juifs en son sein. Où doivent-ils aller, alors? Ceci les regarde. Certainement pas là où les paysans et les artisans [non-Juifs] seraient obligés d'abandonner leurs biens et leurs maisons. Du reste, ils possèdent assez d'argent pour acquérir une part entière du globe, en Australie ou en Afrique. Là, ils pourront vivre en paix selon leurs coutumes et montrer au monde qu'avec leur force, ils savent créer une culture. A nous, s'impose l'abolition de l'émancipation des Juifs». Et De Vries de Heekelingen d'ajouter : «Nous ne reprochons pas aux Juifs de travailler pour la grandeur de leur race. Nous admirons même la ténacité avec laquelle ils poursuivent la réalisation de leur but. Nous ne pouvons comprendre, en revanche, l'aveuglement de tant de non-Juifs qui ne montrent pas le même enthousiasme et la même ténacité pour défendre leurs intérêts les plus sacrés». Par les considérations ici évoquées, on a mis en lumière le coté essentiellement «racial», outre que politique ou social, du problème juif : racial non pas en référence à une race pure, mais à des instincts devenus, pour ainsi dire, un héritage organique capable d'épouser des formes variées de manifestation, mais ne disparaissant jamais complètement.
Nous devons maintenant dire quelque chose sur un livre qui a suscité toutes sortes de discussions et a eu une part fondamentale dans la polémique antijudaïque : il s'agit des fameux Protocoles des Sages de Sion. Puisque nous avons déjà traité de ce livre dans l'introduction de sa dernière édition italienne, nous nous limiterons à un aperçu général, car on ne peut évoquer la question juive sans un éclairage à son propos.
Les Protocoles sortirent sous leur forme actuelle en Russie en 1904, édités par un certain Sergueï Nilus qui les présenta comme un document soutiré à une mystérieuse organisation judéo-maçonnique. En réalité, il a été prouvé qu'une partie de ces textes avaient été divulgués, publiés et Bismarck lui-même en aurait eu connaissance. Les idées centrales des Protocoles sont les suivantes :
1. Les différents événements et les différentes idéologies qui ont conduit l'Europe traditionnelle, aryenne et chrétienne au déclin ne sont pas fortuits, mais obéissent à un plan précis de destruction.
2. Ce plan de destruction émane d'une organisation occulte, qui l'a élaboré dans tous ses détails, étudiant en même temps, sur les bases de la connaissance des lois précises qui lient les causes aux effets, les voies de sa réalisation progressive.
3. Cette organisation agit surtout par l'intermédiaire de gens qui ne se rendent pas compte, souvent, qu'ils en sont les instruments. Son action se développe sur trois plans. D'abord un plan idéologique : on distille des idéologies auxquelles on ne croit pas, que les Sages de Sion méprisent, mais qui servent leurs desseins machiavéliques, pour faire avancer la subversion, pour désagréger les sociétés et les Etats : libéralisme, rationalisme, internationalisme, démocratie. En second lieu, on fait en sorte que les principaux centres de fabrication de «l'opinion publique», c'est-à-dire la presse internationale, soient sous contrôle. En troisième lieu, l'objectif est de contrôler la part maximale des richesses du monde, c'est-à-dire la finance internationale.
Agissant par ces trois instruments, ils poussent partout le ferment de la subversion, déracinent spirituellement et socialement les hommes, en font une bouillie matérialiste, sans patrie ni tradition, sans force intérieure ni personnalité; vraies révolutions (qui devront avoir comme point de départ la Russie -- à noter que les Protocoles furent du domaine public à partir de 1904) et guerres suscitées de manière occulte devront conduire la crise de l'homme occidental jusqu'à un tel degré qu'à la fin il deviendra une chose passive entre les mains de dirigeants invisibles. Alors ceux-ci se révéleront pour assumer le pouvoir universel. A leur tête, un roi de race juive.
Une fois informé du contenu des Protocoles, on vient à se demander s'ils sont authentiques. Cette question n'a pourtant pas de sens car, comme le relève bien René Guénon, «aucune organisation vraiment et sérieusement secrète, quelle que soit sa nature, ne laisse derrière elle des documents écrits». Il ne faut donc pas se demander s'ils sont authentiques mais s'ils sont véridiques. Le document doit être examiné pour la vérité qu'il contient au sens des sciences positives, modernes, c'est-à-dire des hypothèses de travail qui servent à orienter le procédé inductif qui les confirme, un ensemble de faits qui, en vertu d'elles, vont révéler une intime connexion et une loi unitaire.
D'un tel point de vue, on peut dire que même si les Protocoles n'étaient pas vrais, c'est comme s'ils l'étaient, pour deux raisons :
1. Parce que les faits qui se sont produits après leur publication les confirment. Hugo Wast écrivait : «Les Protocoles peuvent être faux; mais ils se réalisent merveilleusement» et Henry Ford : «L'unique jugement que je puis émettre sur les Protocoles est qu'ils s'accordent parfaitement avec ce qui advient. Depuis qu'ils ont été écrits, ils correspondent exactement à la situation mondiale et aujourd'hui encore ils indiquent le rythme».
2. Parce que les idées fondamentales dont ils s'inspirent sont celles du judaïsme international, et donc si les Protocoles ont été inventés, l'auteur a simplement écrit ce que chaque Juif fidèle à sa tradition, à la volonté profonde d'Israël et conscient de ses instincts, aurait pu écrire.
Sur le premier comme sur le deuxième point, l'édition italienne des Protocoles donne une ample et convaincante démonstration. Le problème ainsi posé, la question du «plagiat», qui a provoqué le vieux procès de Berne apparaît, au fond, frivole. Il ne fait aucun doute qu'on trouve dans les Protocoles des éléments tirés d'ouvrages antérieurs, en particulier une plaquette écrite en 1865 par un franc-maçon révolutionnaire, Joly. Mais on ne se situe pas ici dans le domaine de la littérature, où emprunter aux autres jette le discrédit sur l'oeuvre. Un stratège peut utiliser des choses exposées par d'autres et en conserver même leur formulation littérale si elle sont susceptibles d'entrer dans son plan, sans que la signification de ce dernier s'en ressente.
Il est plus sérieux et concluant de constater la présence de toute une série d'antécédents des Protocoles, antécédents qui nous ramènent à des temps lointains et qui, de manière plus ou moins romancée ou mythologique, reproduisent le pressentiment obscur de cette double vérité :
-- Que tous les principaux événements de l'Histoire ne sont pas fortuits mais ont leur logique et obéissent à une certaine intention.
-- Qu'il existe un centre occulte du monde.
La caractéristique des Protocoles réside dans une formulation spéciale de ces deux motifs généraux : ce sont les événements de la subversion moderne qui obéissent à une certaine intention et qui ont une direction -- et par conséquent, le centre occulte du monde a un caractère ténébreux, il est le centre de forces maléfiques, dévolues à la destruction de l'Europe traditionnelle. Cette formulation particulière est l'effet d'une espèce de retournement ou de contrefaçon d'une tradition préexistante, en soi ni juive ni maçonnique; de quoi le lecteur pourra se convaincre en lisant la dernière partie de notre livre Le Mystère du Graal.
De toute façon, il se demandera si au centre de ce plan destructeur annoncé par les Protocoles et vérifié, souvent avec une exactitude impressionnante par les événements successifs, on trouve vraiment des Juifs. Dans les Protocoles, on se réfère tantôt aux Juifs tantôt aux francs-maçons, ce qui n'est pas tout à fait la même chose ... Pour notre part, nous croyons prudent d'utiliser seulement l'expression : dirigeants secrets de la subversion mondiale. Il est indiscutable que de nombreux éléments juifs ont été utilisés par ces chefs anonymes, car à cause de leurs instincts et de la déformation de leurs idées traditionnelles, les Juifs paraissaient être les instruments les plus qualifiés et adaptés. Mais il n'est pas prudent de généraliser au-delà d'une certaine limite.
Il faut, du reste, se rendre compte d'un autre point : que l'on ne peut pas faire des Juifs la cause unique et suffisante de toute subversion mondiale -- comme le voudraient certains extrémistes -- sauf à reconnaître une humiliante infériorité. Les Juifs auraient donc été plus forts que le monde aryen supposé en ordre et en pleine possession de ses moyens? C'est un non-sens. L'action juive a été possible seulement parce que dans l'humanité non-juive s'étaient développés des processus de dégénérescence et de désagrégation : l'élément juif s'est greffé à ces processus, avec l'esprit, les instincts et les méthodes qui lui sont propres, il les a accélérés jusqu'à l'exaspération, les conduisant là où, seuls, ils ne seraient pas parvenus aussi rapidement.
Mais, fidèle à notre propos de nous en tenir à un pur exposé, nous ne voulons pas arrêter partialement les limites de validité de ces thèses, également parce que nous en avons déjà parlé ailleurs.
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Ce texte constitue le 9ème chapitre du livre de Julius Evola : Il mito del sangue, Hoepli, Milan 1942. Edition française : Le Mythe du Sang, Editions de l'Homme Libre, 1999.
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